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terça-feira, 15 de abril de 2025

Le Kit de Conserves : entre la réalité de la guerre et la sainte ignorance

Le Kit de Conserves : entre la réalité de la guerre et la sainte ignorance


                                  par João Carlos Quelhas

On parle beaucoup, ces derniers temps, des fameux “kits de survie”. Les réseaux sociaux s’enflamment, les vidéos se multiplient, les experts improvisés poussent comme des champignons, et même certains dirigeants politiques, comme le président français Emmanuel Macron, lancent des avertissements : “préparez-vous”. Mais préparer quoi, exactement ?

La vérité, c’est que ces kits ne sont pas une nouveauté. Ils ont toujours existé — sous différentes formes et dans divers contextes — depuis que le monde est monde. Il y a toujours eu des guerres, des catastrophes naturelles, des imprévus. Et dans ces moments-là, chacun se préparait comme il pouvait. Mon grand-père, le sergent Quelhas, a combattu pendant la Première Guerre mondiale de 1914, et à cette époque aussi, on parlait beaucoup de ce que chacun devait emporter. Le kit de survie était peut-être différent, mais la logique restait la même : résister, tenir bon, survivre.

En Suisse, par exemple, il est courant de trouver des bunkers. Isolés dans les montagnes ou intégrés dans les immeubles modernes, beaucoup de bâtiments en possèdent un. Mais ces espaces ne sont pas équipés de nourriture. Chaque citoyen est responsable de ses propres provisions. Et voici la dure réalité : si déjà aujourd’hui, en temps de paix supposée, de nombreuses familles peinent à acheter leur nourriture quotidienne, comment peut-on leur demander d’avoir un stock supplémentaire, sous forme de conserves, qui pourrait ne jamais servir et finir périmé ? Un gaspillage alimentaire au nom de la peur.

Soyons clairs : si la famine vient, elle touchera tout le monde. S’il y a une guerre, elle frappera tout le monde. Comme le soleil et la lune. Ils ne choisissent ni riches ni pauvres. Ils brillent pour tous. Nous mourrons tous de la même manière. Alors, pourquoi cette propagande exagérée ? Est-ce une nouvelle mode des réseaux sociaux, suivant la logique du “mouton de Panurge” ? Cette peur collective est-elle le fruit de l’ignorance ou une manipulation des masses ?

Pendant la pandémie de Covid, nous avons vu des gens se précipiter dans les supermarchés pour vider les rayons... de papier toilette. Du papier toilette ! Si c’était de la nourriture… mais non. Certains se souciaient plus de leurs fesses que de leur estomac. J’ai toujours critiqué cela. Toujours. Car s’il manque de la nourriture, on peut toujours se laver chez soi. Mais sans nourriture, on ne survit pas. L’égoïsme a vidé les étagères. Et aujourd’hui, on assiste à la même tendance : chacun pour soi.

La vérité est la suivante : un kit qui dure une semaine, quinze jours, peut-être un mois... ne sauvera personne dans une guerre prolongée. Et si la guerre dure deux, trois, quatre, cinq ans ? À quoi sert ce kit ? Nous mourrons tous de faim un peu plus tard. C’est la peur qui crée un confort temporaire. C’est la Sainte Ignorance qui guide des décisions sans logique.

Chez moi, par exemple, j’ai un réfrigérateur et un congélateur. Nous achetons souvent et remplissons les deux, même quand ils sont déjà pleins. C’est presque un kit permanent. Mais nous oublions une chose : les produits les plus anciens restent au fond. On prend toujours ceux qui sont devant. Et un jour, on se rend compte que ceux du fond sont vieux, périmés, oubliés. Même ceux qui croient être prêts ne font parfois que nourrir les déchets du futur.

Le monde devient étrange. Les gens deviennent égoïstes. Chacun ne pense qu’à soi. On oublie que dans une catastrophe, ou bien nous nous sauvons tous, ou bien nous mourons tous. Que la faim, la guerre, la paix et l’espérance doivent être partagées. Mais non. On continue à construire des kits individuels, au lieu de chercher des solutions collectives. On continue à penser en îlots, alors que nous devrions être un continent.

La peur est naturelle. Mais quand elle se transforme en hystérie, on perd le discernement. Et quand on perd le discernement, on perd tout.

João Carlos Quelhas


Revista Repórter X Editora Schweiz Oficial

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